Crash aérien

Il y a eu un accident aérien à Madrid. Mon avion est retardé. Je dessine les gens qui partent pour Venise. Venise, la chance... Cet avion aurait pu se crasher un autre jour dans une autre ville. Mais c'est arrivé aujourd'hui, à Madrid. Chez moi. Les espagnols appellent chez eux, des blessés et des morts. Les gens mangent et rient, ça me choque. Alors que bon. Les plus stressés racontent leurs mésaventures de voyage autour d'une petite bière. On dirait qu'il y a un prix offert à celui qui a connu le pire truc ! Je crois qu'on voyage plus qu'avant, on multiplie les chances. Et on en parle plus. 20 h 00. Certains se précipitent vers la télé du bar pour voir les images de l'accident aux infos. Juste avant de prendre l'avion, c'est raide. Il y a des courageux tout de même ! En tout cas, le bar fait fortune. 21 h 37. On a decollé. "Il fait un temps merveilleux à Madrid" dit le pilote dans le micro. L'avion en vient, donc le personnel de bord a plus ou moins vu le crash. Ils ont du mal à retenir un rire nerveux... Et des blagues douteuses. J'espère qu'ils ont une prime de risque. On atterrit, en silence, collés au hublot. On ne voit rien, tout est de nouveau normal. L'avion rejoint l'aéroport. On se lève, on se sourit. Les portables s'allument. Soudain, une américaine s'écrie : "Oh my God ! Il y a eu un crash ici tout à l'heure ! " Des fois, on se demande sur quelle planète vivent les gens... Le journal de minuit passe dans le métro. Les images sont impudiques, on voit même les blessés, les familles. Ce petit garçon était avec moi dans l'avion. Il n'en peut plus. Il murmure à son père en serrant son ours : "C'était mon pire voyage en avion."

Comments

[maevina]

horrible! en fait, je ne sais plus si c'est la catastatrophe ou le comportement des journalistes qui est le plus horrible et quand ils ont annoncé qu'une cellule de soutien psychologique a été créée, ils ont la bouche pleine de mots, prêts à se gargariser